UNE BLANCHEUR
Unique vocalise
Les poèmes arrachent au temps
ses strates pétrifiées
Ils préparent dans le coeur de l'écriture une floraison sonore
de terre et de débris d'amphores
La poésie humus et vestiges épars
Sommeille
dans les plis de ses feuilles de pierre
Son âme ensevelie ébruite des silences
Une langue percutée
par les outils de fouille
commence à résonner
La poésie augure
*
Un herbier poétique
bruisse d'un silence multiple
Chaque poème murmurée résonne
Ce sont des sentiers arides
craquelant dans le corps de la langue
Renaissante
Elle nous parle
de ses souffles antiques
d'un vert lacustre
De ses tapis de vignes
et de bois de chênes élancés
immortels
Dans le souffle de l'écriture
La poésie s'inaugure
*
L'écriture est ma demeure
Locataire de mon âme
ses scansions sont mon vivier
Sa mélopée bouche fermée
brode le canevas de mon enfance
Ses longues errances m'exilent
et j'écoute l'écho de ses cris tus
L'écriture est ma demeure
J'y confie l'aveu de mes fuites
dans les méandre de sa sève
Assidu devant toute peine
Artisan, taille ton bois d'ébène
Dans les nuits de l'effort consenti
Accepte les sombres gouffres et les errances
Demeure attelé aux parois verticales
de l'impossible relâchement
Songe aux drapés des amours secrètes
que révèle la lune-réverbère
Au crépuscule ton bois travaille
résonne en lui l'appel de l'ouvrage
Les fibres filandreuses s'effilochent sous ton ciseau
les feuilles écorces se déposent matériau
L'écriture insensiblement advient éclairer
la peau rugueuse de tes souvenirs
L'écriture est ma demeure
*
JARDINER SES MÉMOIRES ÉCHOUÉES
Contempler la nature
La contemplation de la nature devrait être elle-même une écologie de soi, comme un soin journalier, simplement dans le but de s'émerveiller devant le dévoilement de ses beautés.
Comme une lente découverte, la rencontre avec nos arbres et notre végétation assure une communication sans mot.
Comme si, à la manière d'une partition inconnue, la musique commençant à résonner en nous, les buissons et les feuillages, les ramures des grands arbres avaient à nous dire, sans le truchement de la langue.
Souvent une légère brise amplifiée par les branchages
semble transmettre une imperceptible communauté d'esprits.
L'écriture est nature
difficulté insensée
de croître dans sa danse
Son observation
son contact
appelle l'épure
Son immobilité apparente
enseigne
un travail méticuleux
Une bise légère
sur les feuillets encore touffus
Laisser place aux bourgeons
secouer son arbrisseau
biner ses scories
les feuilles mortes
chutent d'elles-mêmes
nos mots
encore denses
eux
s'arriment
Apprendre
la déprise
Contempler